Versailles : Novembre 1776. La Cour s’affole, Louis XVI et Marie-Antoinette réveillent des animosités en sommeil. Et vous ? Quelle sera votre destinée ? Venez le découvrir sur ATMA - Forum RPG Historique -
 
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Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne 1112031428494008Le Forum "Au Temps de Marie-Antoinette" part en vacances.
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 Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne

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Louis XVI
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MessageSujet: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty19/3/2013, 18:34

Assis sur mon trône j'attendais l'arrivée de Son Excellence le comte de Viry, ce cher ambassadeur de Piémont Sardaigne, en écoutant d'une oreille attentive les chuchotis du lieutenant de police de Paris, monsieur Joseph d'Albert y Cornella. Un étrange homme qui m'avait été recommandé par son prédécesseur monsieur de Sartines. Etrange par son passé et par son maintient, mais j'avoue qu'il me rendait de fiers services, et grâce à lui, non seulement la criminalité diminuait dans la capitale, mais il savait aussi caresser dans le sens du poil certains hauts dignitaires et en tirer les vers du nez pour mon compte. Pour l'heure ce qu'il me disait m'étonnait au plus haut point... Je hochai la tête quand il eut terminé son exposé et d'un signe de la main lui fis comprendre que sa présence n'était pas souhaitable pendant l'entretien qui allait suivre.

Tandis qu'il quittait les lieux, mon regard s'attarda sur les dorures du salon. J'aimais la grandeur solennelle de cette pièce faite pour éblouir et intimider ceux qui y pénétraient. Aaah mon aïeul le quatorzième avait le sens du théâtre à n'en point douter. Qui entrait ici se voyait pris sous les regards de la Cour et, sur son estrade, le roi en pleine gloire pouvait apprécier l'effet qu'il produisait sur les visiteurs. C'était un rusé, un filou que ce roi qui avait réussi le tour de force de faire manger dans sa main tous les grands du royaume.
Dans quelques jours l'endroit serait aménagé pour recevoir tout le beau monde de la Cour et d'autres personnages dignes venant de l'extérieur. Les murs seraient revus et afficheraient un décorum moins austère, plus propice à la légèreté de la soirée qui se déroulerait sous ces ors, de ce bal qui me posait tant de souci, mais qui était indispensable pour affirmer mes choix politiques face aux parlements qui jouaient la fronde de nouveau.
Dieu que cette noblesse me rebutait, tant par son égoïsme que par son étroitesse de vue. La société changeait, la population augmentait et si aucune réforme ne venait, les risques de pénurie voire de famine seraient à craindre d'ici peu.

Je songeais à tout cela, mon front reposant dans ma main, alors que mes pieds me faisaient mal, serrés qu'ils étaient dans ces chaussures neuves. Ce cordonnier de malheur allait apprendre à me connaître! Me faire porter des souliers aux boucles rubanées alors qu'il faisait un froid à se vêtir comme en plein blizzard. Il voulait donc ma mort ce diable d'homme!
Décidément, rien n'allait droit en ce château et c'est tous ses habitants qui en voulaient à ma personne.

La bouche pincée, le visage fermé, je me redressai lorsque l'huissier annonça l'arrivée de Son Excellence et tentai d'afficher une mine plus amène.
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Joseph de Maistre

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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty19/3/2013, 22:16

Paris. Fébrile, je me laissai agréablement vêtir dans un joyeux désordre par les soubrettes de l'ambassade. La nouvelle que Monsieur de Viry, trop épuisé par sa maladie pour répondre à la convocation du roi, me nommait son représentant près sa Majesté m'avait surpris comme un coup de tonnerre. Je m'effrayai un peu du nombre de personnes qui s'affairaient autour de moi. Pratiquement toute l'ambassade était à mes soins, depuis le premier valet de chambre jusqu'au dernier mitron. Monsieur de Viry m'avait gavé de conseils, au point que j'en avais déjà oublié la moitié. Il m'avait aussi fait promettre de ne prendre aucun engagement au nom du royaume de Piémont-Sardaigne, et de me contenter d'être agréable à sa Majesté Louis le seizième. Il en avait de bonnes, l'ambassadeur... comment pouvais-je être agréable à quelqu'un dont dont j'ignorai jusqu'aux goûts ?

Versailles. Les exhalaisons infectes de Paris étaient maintenant loin derrière nous, et les belles rues pavées bordées d'arbres nous menèrent à la place du château. Je n’eus guère le temps d'admirer le luxe et les merveilles de cet édifice car à peine descendu du carrosse, on venait vers moi pour me conduire auprès du marquis de Miromesnil, chancelier de sa Majesté, qui aurait pour charge de m'introduire auprès du roi. Pris dans le tourbillon du palais, je saluais, souriais, accueillais les remarques d'un ton neutre, répondais aux questions le plus vaguement possible, ainsi qu'on me l'avait conseillé... Le marquis m'apprit que d'habitude, on procédait aux présentations après Vêpres, le dimanche, mais que le roi, selon son bon vouloir, avait fait une exception “ car le comte de Viry était un gentilhomme qu'il avait plaisir à voir ”. J'espérai que le message de l'ambassadeur excusant son absence et me présentant comme son "substitut" avait été soumis à sa Majesté et qu'il ne serait pas déçu d'avoir en lieu et place d'un vieil homme aguerri aux intrigues diplomatiques européennes un jeune premier plein de fougue et... d'ignorance.

A l'entrée du salon Apollon, le chancelier murmura quelques mots à l'oreille du chambellan, puis me fit signe que j'allais être présenté séance tenante au roi. Mon cœur se mit à battre plus vite. Le grand moment était venu, le grand moment de ma consécration sociale. Étonné et déboussolé par la société qui me regardait, j'avançai d'un pas hésitant aux côtés du marquis de Miromesnil, me rendant compte que j'étais devenu en l'espace d'un instant le point de mire de toute la cour. Le chancelier s'inclina devant le souverain, et sa voix forte domina le ronronnement des conversations:


“ Sire, le comte de Maistre, représentant de son Excellence le comte de Viry, ambassadeur plénipotentiaire de sa majesté Victor Amédée le troisième de Piémont-Sardaigne... ”

Je plongeai dans ma révérence de cour, puis, conformément à l'étiquette, attendis que le roi me fasse signe de me redresser.
Tout était allé si vite que je n'avais même pas eu le temps de le bien voir...
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Louis XVI
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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty20/3/2013, 16:29

Dieu que j'exécrais ce de Miromesnil, homme de peu d'intelligence mais de grande fourberie qui avait su mener son train et se mettre dans les bons soins de monsieur de Maurepas. Et le voici garde des Sceaux, cet homme insignifiant et pourtant dangereux dans les fréquentations qu'il a, toute noblesse réactionnaire bien sûr. Encore un obstacle potentiel à ces réformes que je voudrais mener à leur terme, et ce, rapidement.

Mes yeux tombèrent sur l'envoyé de Piémont Sardaigne. Ainsi c'était lui le de Maistre dont monsieur d'Albert y Cornella venait de me toucher un mot . Hum... Etrange tout de même que de Viry me l'ait envoyé. Surtout qu'il semblerait que notre homme maraude la nuit en certains quartiers chauds de Paris. La police travaillait bien car les hommes du guet l'avaient bien croisé alors qu'ils couraient après un ladre. Et leur description faite avait été recoupée avec celle de l'homme qui était entré à l'hôtel de la Pérouse quelques jours auparavant... Imprudence de la jeunesse ou impudence tout court ? Je donnerai consigne au lieutenant de police de faire surveiller cet étranger.

Le jeune homme avait de la prestance dans ce qu'il venait de me montrer de sa révérence. L'on sentait bien poindre une timidité toute naturelle due à son inexpérience des pratiques de cour, mais il y avait par contre cette assurance sous-jacente. Et cela ne faisait qu'augmenter mon intérêt pour ce comte de Maistre. J'étais inquiet tout de même... Inquiet de l'absence de monsieur de Viry. Il me fallait en savoir davantage sur son compte et ce qui le tenait éloigné de Versailles.


Relevez-vous Monsieur et racontez-nous ce qu'il advient de son Excellence Monsieur de Viry. Nous sommes fort contrarié qu'il n'ait pu venir de lui-même... Sont-ce raisons que nous pouvons entendre Monsieur ?

J'attendais que notre visiteur se relève et accède à ma requête.
Autour de nos deux personnes le silence s'était fait mais je voyais bien quelques gestes amorcés, quelques regards appuyés entre certaines gens de la Cour. Un peu en retrait chuchotait le baron von Grimm et madame d'Epinay. Ces deux-là s'entendaient comme larrons en foire depuis bien des années et tout un chacun connaissait leur relation intime. Ils avaient au moins le mérite de répandre le génie littéraire français dans toute l'Europe grâce à la Correspondance littéraire et à leurs écrits au Mercure de France. Un homme pâlot que ce Grimm mais intelligent et séducteur, tout en rond de jambes qui le faisait se rendre indispensable dans les cours d'Europe.
Je revins à mon invité...
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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty21/3/2013, 06:52

Majesté, son Excellence le comte de Viry est au plus mal. Des humeurs malignes dont je ne m'hasarderai point à vous exposer les raisons, n'étant point médecin, le retiennent dans ses appartements. Sa santé décline chaque jour un peu plus, à ma grande inquiétude et à celle de tous ceux qui l'estiment. Au point qu'il ne peut plus quitter ses quartiers sans mettre sa vie en péril.

Des murmures fusèrent, et même quelques rires retenus, visiblement le comte de Viry ne faisait pas l'unanimité parmi la cour. Mon estime pour mon mentor était si haute qu'il n'en fallut pas plus pour me faire sortir de ma réserve et lancer bien impunément:

Oui Sire, ces infortunes se doivent d'être sues de votre Majesté et de ce noble parterre, ne serait-ce que pour en éviter d'autres, mais surtout, afin que des gens de qualités n'en viennent pas à des conclusions fâcheuses...

Le roi n'était visiblement pas averti de mon rôle, ou bien, par jeu ou par calcul, il feignait de ne pas l'être, aussi sorti-je de ma manche la lettre de créances où l'ambassadeur me recommandait comme son représentant. Ignorant si l'étiquette m'imposait de la donner au roi en mains propres ou de passer par son chambellan, je la tendais habilement devant moi de sorte que l'on puisse croire que je la donnai à l'un... ou à l'autre. Je la donnerai au premier des deux qui ferait un geste pour la prendre.

Aussi Majesté, je porte à votre royale attention par la présente, puisque vous avez avec bienveillance mandé Monsieur de Viry près de vous, le fait que je converserai ici en son nom.

Attendant qu'on daigne me soulager de ces lettres, j'en profitais pour observer un peu celui qui présidait à la destiné de ce si grand royaume. Il n'avait pas l'air bien plus âgé que moi, et je réalisai soudain combien la charge qui posait sur ses épaules devait être pesante. Moi qui appréciais plus que nul autre ces instants d'insouciance et de légèreté que la Providence m'offrait chaque jour, je devinai combien cela devait lui être interdit et combien il devait en souffrir. Car si on devinait dans ses gestes et sa posture une certaine lassitude proche de l'énervement propre aux hommes accablés de responsabilités, son regard était celui d'un jeune homme vif et curieux de tout.

Je ne crois pas qu'on puisse éprouver de la sympathie pour un roi. Mais ce que je ressentais en le regardant ne devait pas en être très éloigné.
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Louis XVI
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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty21/3/2013, 14:39

Ainsi donc de Viry était à l'article de la mort... Hmmmmmm, je n'y croyais qu'à moitié, et cette soudaine maladie me paraissait plus diplomatique que réelle. C'était bien malheureux car j'aurais aimé éclaircir quelques points obscurs sur ce que j'avais entendu de lui ces derniers jours. Toujours les rapports de d'Albert y Cornella qui faisait un travail remarquable...
Ce Viry était homme futé et roué au jeu de la duperie et telle l'anguille, ayant senti venir le danger, il glissait entre les mailles du filet et me faisait la nique en m'envoyant ce jeune godelureau, au demeurant fort sympathique de premier abord et qui m'amusait de sa franchise qui le poussait à sortir de son rôle plus qu'il ne serait judicieux en ce lieu.
Je remarquai bien quelques rires étouffés à l'annonce de la défection de de Viry. La rumeur était allé bon train dans les couloirs et ma famille se trouvait encore éclaboussée de ces ragots inutiles et acides. Aaaah si j'avais pu en passer quelques uns au fil de l'épée, ne fusse que pour soulager mon courroux! Mais au lieu de cet échappatoire, je devais me contenter de faire les gros yeux ou de renvoyer l'irrespectueux dans ses terres. Ce qui n'allait pas tarder à arriver à son Excellence de Viry maintenant qu'il avait un remplaçant. Celui-ci d'ailleurs me tendait ses lettres de cachet. Un signe de la tête au chambellan, et celui-ci s'en empara pour me les présenter.


Vous nous voyez fort contrit de ce mauvais pas dans lequel se trouve son Excellence Monsieur de Viry. Vous lui ferez part de notre sincère affliction ainsi que nos vœux de prompt rétablissement.

Qu'il meure donc sur le champ et aille griller en enfer ce vieux grigou, pensais-je en même temps. On ne pouvait impunément se moquer de mes sœurs et de Viry avait là dépassé les bornes. Je signerai bientôt l'arrêté d'expulsion et justice serait ainsi faite, et bien faite.

Le de Maistre ajouta une parole à laquelle je ne pris nulle attention, tout occupé que j'étais à lire la lettre le confirmant dans son rôle d'ambassadeur de Piémont Sardaigne, représentant de Victor Amédée III, membre familial par alliance par la volonté de mon grand père Louis le quinzième et par l'entremise de ce de Viry! Je relevai la tête et mon regard vint se poser sur le jeune impétrant.

Cette missive vous confirme bien dans la charge que vous nous indiquiez au commencement Monsieur de Maistre... Soyez le bienvenu en France donc... Et puisque nous vous tenons là, vous nous obligeriez en nous faisant l'honneur de votre présence pour le bal qui va bientôt être donné à Versailles.

Je changeai tout aussitôt de sujet, une idée se faisant son chemin dans ma tête. Je soulevai un sourcil dans un mouvement interrogatif et entamai une conversation d'un ton badin.

Et comment va Sa Majesté Victor Amédée ?

Je jetai un œil discret sur ma sœur Clothilde et plus précisément sur son mari Charles Emmanuel. Je savais que ce qui se dirai sur son père serait vite répété. Ne voyait-on pas en l'époux de ma sœur le futur successeur à la tête de la Maison de Savoie ? Il eût été malhabile de se mettre à dos un allié, rempart géographique à la gourmandise autrichienne, ce malgré mes épousailles avec Marie Antoinette.
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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty22/3/2013, 12:38

Ainsi le roi voulait nouvelles de son voisin, et je m'exécutai avec plaisir, tant il m'était toujours agréable de parler de ma patrie et des évènements qui s'y déroulaient. Je prenais toutefois bien garde de n'aborder que des sujets de notoriété publique, sachant bien que certaines informations ou commentaires devaient être réservées aux comités plus restreints.

Son Altesse Victor Amédée, sire, se porte bien.

On ne jure que par les bains royaux aux vertus miraculeuses dont Elle a lancé la construction cette année en la ville d'Aix-les-bains. Bien qu'Elle passe plus de temps à embellir Turin, notre nouvelle capitale, Elle n'oublie pas ses origines et a fait relever à Chambéry l'ancien palais ducal et construire un nouveau théâtre.

Son altesse royale a fait élever, à grands frais, des digues pour retenir dans leurs lits l'Arve et le Rhône, et a aboli les péages dans toute la Savoie. C'est un grand réformateur, n'en doutez point, et un adepte de la libre circulation des biens et des personnes.

Oh, certes, ce n'est point divulguer secret d'état que de dire qu'on blâme bien un peu, de l'autre côté de l'Alpe, à Turin, les largesses prodiguées par notre roi aux provinces francophones du royaume, craignant sans doute que par le fait elles ne deviennent moissons trop tentantes pour vos greniers, sire. Mais les maisons de France et de Savoie étant maintenant triplement liées, cette crainte des piémontais n'est-elle pas illusoire ?

Le roi de Piémont-Sardaigne a aussi cette année donné une nouvelle organisation à nos armées, qui comptent maintenant près de quarante-cinq mille hommes. Il faut dire que vingt ans de paix avaient imprimé à nos troupes un aspect presque gothique, et des usages qui ne convenaient plus à la tactique nouvelle.

Enfin, pour conclure, sire, j'oserai dire que vos altesses de France et de Piémont êtes comme les deux aiguilles d’une même montre ; vous êtes la grande, il est la petite ; mais un même mouvement vous anime et vous marquez tous deux la même heure, quoique d’une manière différente.

Et cette heure est l'heure du progrès et des temps modernes.


Je m'inclinai alors bien bas.
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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty25/3/2013, 13:37

J'écoutai le bellâtre me conter les nouvelles de son pays. L'on voyait bien à la flamme qui dansait dans ses yeux combien lui était chère sa patrie. Ce fut ainsi un beau discours que nous donnait Monsieur de Maistre et où l'éloquence le disputait au lyrisme. Le garçon, bien que jeune, avait facilités certaines en le maniement de la langue et une réelle aisance se faisait jour au fur et à mesure de son exposé. Aisance, assurance, voilà qui promettait de faire de ce jeune comte une recrue de choix pour le roi, mon ami, Victor Amédée. Ne restait plus qu'à voir s'il avait la fibre diplomatique, le sens de la convenue, le jugement rapide et sûr, l’œil et l'oreille attentifs, la répartie enrobante et le sourire de circonstance. Bref, s'il était prêt au jeu subtil de la fourberie de cour.
Je hochais la tête, approuvant en cela les nouvelles qu'il me donnait de mon voisin illustre.


Sa Majesté Victor Amédée est personne sage et de grande valeur, qui voit bien l'avenir que son peuple se doit d'atteindre. C'est un homme de talent, riche de jugement doublé d'un sens moral élevé et nous approuvons qu'il œuvre pour le bien de ses gens. Qu'à Dieu ne plaise qu'en France nous n'empruntions la même voie.

J'ajoutai ma dernière phrase d'une voix plus forte en appuyant sur les mots afin que l'assemblée autour de nous entende bien quelles étaient mes vues sur le chemin à suivre.

Des réformes, oui, il en faut, qu'afin le commerce et les gens puissent aller sans contrainte dans le royaume.

Je regardai mes courtisans qui courbaient l'échine mais qui n'en pensaient pas moins. Je ressentais une tension provenant de cette assistance, des frémissements, quelques gestes nerveux voire des sourires crispés que je notais au passage. Je souris à peine, les yeux mi clos, observants ceux qui piaffaient d'impatience, en particulier ceux de la Maison de Lorraine mes plus fidèles ennemis, surtout depuis mes épousailles avec Marie-Antoinette, persuadés qu'ils étaient que sur le trône de France devait s'asseoir une de leurs femmes. Hérésie que tout cela! Où l'on voyait bien qu'ils n'y entendaient rien au jeu des alliances, préférant en cela leur seul intérêt au mépris de la sécurité du royaume.
Je revins vers Monsieur de Maistre et me penchai un peu vers lui comme sur le ton de la confidence.


Nous aimerions vous entretenir plus à propos, de choses que peu d'oreilles doivent entendre. Aussi vous voudrez bien nous suivre au salon de la guerre Monsieur de Maistre.

Sitôt je me levai et sans rien ajouter d'autre je fendis le parterre de mes courtisans et me dirigeai vers ledit salon.
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MessageSujet: Re: Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne   Réception de l'ambassadeur de Piémont Sardaigne Empty26/3/2013, 06:35

Je m'inclinai devant le roi Louis qui avait l'air d'agréer mon discours, à mon grand soulagement. Mon cœur battait déjà moins vite mais je cachai bien mes émotions à la foule des courtisans babillards comme Monsieur de Viry me l'avait conseillé. Le roi se leva pour rejoindre le salon privé où il m'avait convié à poursuivre les échanges, et j’attendis qu'il ait quitté le salon d'Apollon pour lui emboiter le pas.

Je profitai des quelques instants que Sa Majesté mit à quitter la salle pour observer, sourire hypocrite à souhait au visage, la masse bigarrée des hommes et femmes qui m'entouraient. A l'exception de quelques-uns qu'il fallait, m'avait dit le Comte de Viry, tirer du lot, je ne devinai là qu'ambition dans l’oisiveté, que bassesse dans l’orgueil, que désir de s’enrichir sans travail, qu’aversion pour la vérité, que flatterie, trahison, perfidie, abandon de tous ses engagements, mépris des devoirs du sujet et crainte de la vertu du suzerain, espérance de ses faiblesses, et plus que tout cela, un ridicule perpétuel qui ne tuait point.

Certes, j'avais bien conscience qu'il me fallait de fait ressembler un peu à ces gens si je voulais réussir dans la diplomatie. Ménager, caresser, amadouer, capter les amours-propres, les intéresser et les gagner à sa cause, c'est tout l'art du courtisan et les trois quarts de l'art du diplomate. Il me restait donc un quart sain auquel je m'accrochais, et que j'allais enfin pouvoir mettre en pratique dans l'intimité relative de la conversation privée qui s'annonçait.

On me conduisit au salon de la guerre. Conscient que parole royale pouvait tuer aussi sûrement qu'une balle de fusil ou amputer aussi nettement qu'un sabre de cavalerie, j'espérai ne pas avoir à en livrer une avant l'heure.
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